Gérer ses émotions ???

J’entends souvent mes patients me dire qu’ils souhaiteraient apprendre à mieux gérer leurs émotions négatives.
Mais quelle drôle de façon de concevoir les émotions que de vouloir les gérer et que de considérer qu’elles puissent être négatives !
« Gérer » ça signifie « manager », « gouverner », « régenter », tout ce qui fait référence aux notions de contrôle, à mon sens, il n’est pas souhaitable de vouloir GERER ses émotions et je vais vous expliquer pourquoi.
Alors oui, ma vision diffère de ce que vous pouvez lire ou entendre sur ce sujet, mais en tout cas, c’est un thème qui fait parler, il n’y a qu’à voir le nombre de résultats générés par la recherche de ces mots « gérer ses émotions » pas moins de 140 000 réponses sur Google.

Le rôle des émotions

Le rôle de l’émotion est de vous livrer un message, de vous signifier que quelque chose est ou n’est peut-être pas en accord avec vos attentes, vos besoins, vos valeurs.
Alors si vous luttez contre l’émotion, si vous ne l’écoutez pas, si vous la mettez à distance, si vous voulez la gérer, vous êtes dans la lutte et le pouvoir et votre émotion ne se sent pas écoutée, elle ne peut pas jouer son rôle de messager, elle s’endurcit, veut se faire entendre et va se manifester de plus en plus fort.
Imaginez que quelqu’un vienne frapper à votre porte, il sait que vous êtes chez vous mais vous n’allez pas lui ouvrir ! Et bien il y a de fortes chances qu’il frappe de plus en plus fort jusqu’à ce que vous lui répondiez.
Voilà ce qu’est le processus de l’émotion, voilà son rôle, elle a simplement besoin de livrer son message en étant écoutée.
Alors, je vous l’accorde il peut nous sembler plus facile de lui tourner le dos pour nous protéger de la souffrance en pensant « ça va passer » , mais ceci est un leurre, cela va peut-être fonctionner pendant quelques temps mais le retour de flamme n’en sera que plus violent.
Toute la difficulté est de se mettre à l’écoute et de se laisser traverser.
Si vous dites à quelqu’un qui est triste, de gérer sa tristesse, ce n’est pas ce qu’il a envie d’entendre, il a peut-être besoin qu’on lui parle calmement, qu’on le prenne dans ses bras, qu’on le rassure mais pas d’entendre qu’il doit gérer sa tristesse.

Ne jugez pas vos émotions

Quant au terme émotion négative, si l’on considère que nos émotions ont une fonction de messagers protecteurs alors comment leur infliger cette insulte « d’émotion négative » .
Pour ma part, j’utilise le terme émotions agréables et émotions désagréables car même si la peur est une émotion désagréable elle n’est pas négative, la peur peut vous sauver la vie.
La colère est également une alerte, elle est la manifestation d’un sentiment d’injustice, d’un envahissement personnel, d’un manque de respect, elle est là pour protéger notre « soi »
Alors comment lui en vouloir à cette colère ?
Et puis vous voyez également qu’il ne sert à rien de dire à une personne qui est en colère de se calmer, ce n’est pas la réponse que son émotion attend et souvent ces paroles enveniment encore plus la situation et c’est bien normal.
Acceptons également de nous mettre en colère quand cela est nécessaire en nous libérant de la culpabilité et de cette croyance qu’il n’est pas bien de se mettre en colère, car je ne choisis pas de me mettre en colère, en gardant à l’esprit que je ne dois pas m’identifier à la colère, je me mets en colère mais que je ne suis pas la colère, de la même manière que je ne choisis pas d’avoir peur, d’avoir honte, d’être triste…
Alors je serai plus favorable à utiliser le terme, « gérer l’après peur » ou « l’après colère », ou lorsque celles-ci ont été prises en compte, entendues, on peut les aider à redescendre un peu plus vite, à travers des exercices de remise en mouvement physique, respiratoires.
Si l’on se sent couramment envahi par des émotions désagréables on peut également se faire accompagner par d’autres méthodes psychocorporelles comme la méthode DECEMO, l’hypnose et la Sophrologie.

Philippe Keit – Sophrologue, Praticien DECEMO, Hypnose à Montreuil – 93100 – Reproduction autorisée en citant l’auteur ©